Unir vos efforts quand la pornographie menace de déchirer votre mariage

Par Mark Chamberlain, docteur, et Rebecca Jorgensen, docteur
Au moment même où il rentrait du travail, Ben a vu que Kristy avait les yeux rouges. Il lui a demandé ce qui n’allait pas. Elle a répondu sèchement : « Nous en reparlerons quand les enfants seront couchés ». Plus tard, essayant de contenir de nouvelles larmes, Kristy a tendu à Ben une pile de papier, une liste de centaines de sites web sur lesquels Ben était allé et les sujets sur lesquels il avait fait des recherches, preuve que Ben avait un grave problème de pornographie. « Je t’ai été fidèle pendant tout notre mariage et je n’ai imaginé de relation sexuelle qu’avec toi. Je me suis toujours dit que c’était pareil pour toi, que tu m’aimais de la même façon ! » a-t-elle dit.
Ben a ressenti alors un immense chagrin. Comment avait-il pu faire cela à sa femme ? Puis il a paniqué. Et s’il avait détruit leur relation ? Il fallait juste qu’il la convainque que ses craintes sur ce que cela signifiait n’étaient pas fondées. Il a essayé de la rassurer sur le fait qu’il l’aimait véritablement et profondément. Il a expliqué qu’il était souvent tenté de regarder de la pornographie mais que ce n’était pas parce qu’il voulait avoir des relations avec d’autres femmes, ni parce qu’il désirait les femmes sur les photos plus qu’il ne la désirait elle. Devant cette crise, Ben savait qu’il fallait absolument qu’il fasse ce qu’il avait essayé de faire depuis des années : finir par abandonner la pornographie. Il a promis à Kristy qu’il n’en regarderait plus jamais.
Pendant le mois qui a suivi, Kristy sentait que sa peine ne partait pas. Pire encore, elle se sentait seule, souffrant et craignant que Ben ne se soucie pas vraiment d’elle. Elle a essayé de faire savoir à Ben à quel point l’habitude qu’il avait de regarder de la pornographie l’avait dévastée, à quel point elle doutait qu’il la trouve attirante et à quel point elle était devenue peu sûre d’elle et de leur relation, et de la façon dont tout cela avait bouleversé son monde autrefois protégé. Sa peur l’a aussi conduite à épier chaque pas que faisait Ben et à douter de ses activités. De son côté, Ben essayait de la rassurer en disant qu’il était toujours le même homme que celui dont elle était tombée amoureuse, que toutes les bonnes choses qu’elles « doutait » avoir vécu pendant toutes ces années étaient vraies. Il se sentait très mal en permanence à cause de son comportement et se demandait « Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? » Quand Kristy lui posait des questions, une honte terrible pour ce qu’il avait fait le prenait intérieurement. Il voulait qu’elle mette de la distance avec ces mauvais souvenirs afin qu’elle n’ait plus de lui la mauvaise opinion qu’il avait de lui-même. Il ne savait vraiment pas comment lui parler ; les sentiments étaient si vifs qu’il était paralysé intérieurement.
Ben et Kristy ont continué de leur mieux à essayer à leur façon d’améliorer les choses mais il semblait que les choses ne faisaient qu’empirer. Quand ils sont venus demander conseil, ce qui au début n’était qu’une crise menaçait de détruire leur relation tout entière. Ils s’étaient séparés et Kristy songeait à demander le divorce. Ben avait l’impression de marcher sur des œufs et qu’il ne pouvait plus rien faire de bien aux yeux de Kristy. Kristy avait l’impression que Ben ne comprenait pas sa douleur et, pire, qu’il ne le voulait pas.
Kristy et Ben sont comme beaucoup de couples qui viennent nous voir. Les hommes essaient sincèrement de surmonter leur habitude de regarder de la pornographie. Ils veulent encore plus désespérément sauver leur mariage. Pour tenter de remettre les choses en place, en général un mari :
- Essaie de calmer les craintes de sa femme en lui expliquant ses véritables sentiments.
- Oriente leurs conversations sur des sujets qui sont moins douloureux pour elle.
- Espère qu’elle sera rassurée par tous ses efforts de repentir et pour mieux faire.
Les femmes ont tout autant l’intention de sauver leur relation. Pour y parvenir, souvent une femme :
- Exprimera son chagrin et ses peurs, dans l’espoir qu’il comprenne à quel point ce problème a été dévastateur pour elle.
- Entamera des discussions sur le problème, son évolution et les aspects et événements qu’elle ne comprend toujours pas.
- Cherchera l’assurance qu’il l’aime et la trouve attirante.
Malheureusement, les efforts d’un partenaire pour améliorer les choses peuvent aller à l’encontre de ce que l’autre pense qu’elles doivent aller. Ainsi, les maris et femmes peuvent finir par faire des efforts opposés. Par exemple, supposons qu’elle espère qu’ils arrivent à un point où ils peuvent parler ouvertement du problème tandis que ce qu’il veut, c’est arriver au point où ils l’ont dépassé. Pour lui, les efforts de son conjoint paraissent contre productifs, et vice-versa. Alors même qu’elle devient plus inflexible sur le besoin d’en parler, lui essaie d’éviter le sujet de plus en plus. Au lieu de se sentir comprise, elle se sent ignorée. Elle conclut qu’il ne prend pas le problème suffisamment au sérieux. Elle se demande si le comportement pécheur de son conjoint n’a pas étouffé sa conscience et altéré sa capacité à comprendre sa douleur. Lui craint qu’elle ne devienne obsédée par le problème, il le combat seul parce qu’il s’agit de « son problème » et il se demande s’il sera jamais capable de se racheter à ses yeux.
Bien que les couples dans cette situation puisse commencer en étant déçus et en colère, le temps peut leur permettre d’apprendre à travailler ensemble pour résoudre les problèmes épineux, même ceux d’un mari qui regarde de la pornographie. Ils peuvent commencer à voir que leur conjoint est juste en train d’essayer de faire ce dont il pense que leur relation a le plus besoin, intensifiant leurs efforts quand ils se sentent entravés. Quand les conjoints parviennent à se comprendre l’un l’autre plus pleinement, ils peuvent abandonner progressivement les réponses automatiques improductives. Chacun devient plus capable de reconnaître ce que l’autre veut sincèrement et dont il a besoin, et devient plus capable de le fournir. Voici certains des changements que nous avons vus qui semblent aider les couples à être plus productifs ensembles :
Le mari parvient à comprendre que c’est une bonne chose que sa femme continue de lui dire qu’elle a été blessée. C’est un très bon signe qu’elle le considère instinctivement comme la personne qui peut l’aider à se sentir mieux par rapport à cela. Comme nous aimons le dire, « si votre femme vient vers vous, c’est parce qu’intuitivement elle vous fait confiance et vous seul pouvez l’aider à guérir, pas un parent, ni un ami ou un autre homme. C’est avec vous qu’elle veut parler et de qui elle cherche la reconnaissance ».
Il parvient à voir qu’il est plus important d’être près d’elle dans sa douleur que d’essayer le l’en débarrasser. La communion dans la douleur est ce qui la fait guérir.
Le mari et la femme parviennent à comprendre que le pire chez elle n’est sans doute pas la douleur à cause de ce qu’il a fait mais le sentiment qu’elle est seule à affronter cette douleur parce qu’il ne connecte pas assez profondément avec elle quand elle essaie de lui en faire part.
Elle se rend compte qu’il a peut-être évité le sujet précisément parce que ça lui fait trop mal de voir qu’elle est blessée. C’est difficile pour lui de regarder sa douleur en face.
Elle parvient à comprendre qu’il a l’impression de ne pas être à la hauteur, qu’il peut se sentir indigne de la réconforter et il craint qu’elle le rejette. Il a peut-être espéré qu’en la laissant un peu tranquille, en l’honorant autrement et en se concentrant sur les bonnes choses qu’ils partagent, elle arrêterait peut-être de se focaliser sur ce sujet douloureux et se sentirait mieux dans leur relation. C’est peut-être sa façon d’essayer de l’aider à guérir de sa douleur.
Il apprend à avoir confiance que l’honnêteté, y compris l’honnêteté émotionnelle, dans la guérison est plus importante que le fait d’éviter la pornographie, sans vouloir en minimiser le fait que c’est crucial. Plus il devient honnête et ouvert, plus elle se sentira incluse. Quand elle se sentira de plus en plus impliquée, son problème de pornographie ne fera plus partie de cet aspect de sa vie dont elle se sent exclue. Ils deviendront une équipe combattant une mauvaise habitude ensemble au lieu de laisser la pornographie être un obstacle entre eux.
Il vient pour la considérer comme une ressource qui l’aidera à guérir. Elle peut l’aider à comprendre les émotions et les besoins qui ont été sollicités et qui ont conduit à la pornographie.
Elle découvre que bien que la relation sexuelle soit le point de fixation quand il est tenté, la plupart de ses besoins quotidiens sont de nature émotionnelle. Ainsi elle commence à se sentir moins menacée et au lieu de le voir comme un ennemi ou un « pervers » avec lequel elle ne peut s’entendre, elle le voit comme un allié.
Pendant les séances de conseil, Ben a appris à se relaxer et à respirer profondément quand la tentation surgit au lieu de s’arc-bouter et d’essayer de lutter contre elle. Il a appris à utiliser la tentation comme un signal indiquant qu’il était stressé et avait besoin de parler à quelqu’un ou de faire quelque chose pour faire diminuer son stress. Résoudre la question de la gestion du stress est devenu un point sur lequel se concentrer en dehors de ses pensées et besoins sexuels. En même temps que les séances de conseil, Ben a commencé à assister à des réunions de Sexaholics Anonymous (organisation pour vaincre la dépendance sexuelle) qui avaient lieu une fois par semaine dans une église près de son bureau. Il a commencé à reconnaître qu’il était incapable de résoudre seul son problème de dépendance. Au début, il lui paraissait étrange de devoir « renoncer » et s’en remettre à l’aide de Dieu ; il avait toujours considéré son problème comme une chose à vaincre par lui-même ou à faire passer. Avec le temps, il a ressenti une force et une paix grandissante quand il se tournait vers Dieu. Il sentait que notre Père céleste l’acceptait, même au milieu de ses difficultés, et Ben est allé à lui plus souvent dans les moments difficiles.
Dans les réunions de groupe du programme en douze étapes, Ben a entendu les autres participants parler de l’importance d’une « honnêteté rigoureuse ». Il s’est souvenu à quel point Kristy était désespérée quand elle disait qu’elle avait l’impression qu’il avait trahi sa confiance. Il savait que ce qu’il faisait en secret avait été une partie importante du problème de confiance de sa femme mais aussi du sien. Ben a pris la résolution d’être complètement honnête avec Kristy concernant ses problèmes et ses sentiments à partir de ce moment-là.
Maintenant que le problème était exposé au grand jour et que lui et Kristy travaillaient ensemble à le résoudre, Ben était moins sollicité qu’avant par des désirs puissants. Cependant, le temps passant, d’anciennes pulsions pour regarder de la pornographie ont recommencé à se faire sentir. Les jours où c’était difficile, il en faisait part à Kristy. Bien qu’elle appréciât son ouverture, elle s’inquiétait de le voir se débattre ainsi.
Au cours d’une séance de conseil, il était évident qu’il y avait des tensions non résolues entre eux. Ben a expliqué : « Je lui a dit que j’avais du mal. Elle a demandé davantage de détails. Je n’étais pas sûr que je doive lui en donner. Je savais que ça pouvait la blesser si je lui disais la vérité. » Cherchant à être rigoureusement honnête, il lui a dit que lors d’un déplacement en fourgonnette pour le travail cet après-midi là, il était arrêté à un feu rouge. Une voiture décapotable noire, conduite par une femme séduisante, s’est arrêtée dans la file d’à côté, à sa hauteur. « J’ai honte de le reconnaître mais j’ai commencé à fantasmer sur elle. J’en ai parlé à Kristy. Elle était contrariée. Puis elle a voulu en savoir davantage sur ce fantasme alors que ce n’était que quelque chose de furtif, un vagabondage de mes pensées. Ce n’était pas si détaillé. Mais Kristy a supposé que je ne voulais pas en dire plus parce qu’elle était fâchée. Elle pensait que je ne disais pas tout. J’ai essayé de fouiller ma mémoire pour voir si d’autres pensées avaient traversé mon esprit. Mon esprit s’est de nouveau attardé sur ce sujet, celui de penser à des relations sexuelles avec une inconnue. J’ai dit à Kristy que je pensais que ce n’était pas une bonne chose de nous attarder dessus. »
Kristy a répondu : « Il m’a dit que ce n’était pas une bonne idée de nous attarder dessus. Bien sûr que non. C’est exactement pour cela que je suis si fâchée après lui. Pourquoi continue-t-il à le faire ? »
Beaucoup de choses peuvent susciter des pensées sexuelles non voulues chez quelqu’un qui a eu l’habitude de les exploiter. Le stress, le sentiment de solitude, les indices visuels et même l’ennui sont des déclencheurs communs. Les pensées sexuelles sont comme des exutoires. Elles peuvent captiver toute votre énergie et votre attention. Elles sont le symptôme criant d’un combat intérieur. Cependant, quand on s’attarde trop sur le symptôme, on peut manquer la cause et, ce qui est plus important, le remède. Reconnaître que l’on a des pensées sexuelles fait partie de l’honnêteté mais ce n’est pas la partie la plus grande, ni la plus importante. Spencer W. Kimball a enseigné : « Jésus considérait le péché comme mauvais, mais pouvait aussi voir que le péché provenait de besoins non satisfaits chez le pécheur. » Il a ensuite conseillé que si nous espérons changer nos habitudes ou aider quelqu’un à changer les siennes, nous devons « sonder suffisamment… afin de voir les causes fondamentales de leurs échecs ou de leurs défauts » (The Teachings of Spencer W. Kimball, éd. Edward L. Kimball, 1982, p. 481-482).
Nous encourageons nos patients comme Ben à faire attention à ce qui se passe en eux, et d’être à l’affût des sentiments et besoins qui peuvent jouer un rôle quand des pulsions sexuelles surgissent. S’il se sent seul quand il est en déplacement en voiture, seul toute la journée, des pensées sexuelles peuvent procurer un apaisement. Pourtant, ces pensées sexuelles occultent quelque chose de bien plus important. Il se doit d’être honnête avec lui-même, rigoureusement honnête en reconnaissant la solitude. Les pensées sexuelles sont plus proches de la surface. Il est plus facile, et cela peut paraître plus viril, d’être attiré ou stimulé sexuellement. Il est plus difficile de reconnaître les sentiments de vulnérabilité et les expériences intimes plus subtiles. Il doit commencer à être honnête avec lui-même à propos de ce qu’il ressent avant de pouvoir être profondément honnête avec sa femme.
La fois suivante où Ben a dit à Kristy qu’il avait été tenté ce jour-là, elle a vu le piège habituel et n’a pas mordu à l’hameçon. Au lieu de lui demander le détail de ce qui l’avait tenté, elle s’est montrée plus intéressée par ce qui s’était passé de particulier ce jour-là qui aurait pu le rendre vulnérable. Elle a demandé : « Comment s’est passée ta journée jusqu’à ce moment précis ? »
Ben a répondu : « Plutôt ennuyeuse ».
Kristy a demandé : « Qu’est-ce qui se passait au fond de toi ? » Ben a réfléchi à sa question et a cherché dans sa mémoire. Il ne pouvait mettre le doigt sur rien de précis. Pourtant, cette brève discussion l’a aidé à garder espoir, à se sentir soutenu et à être à l’affût de la prochaine fois que la tentation surgirait. Quelques jours plus tard, il s’est montré plus curieux lorsque des mauvaises pensées se sont mises à lui venir inlassablement à l’esprit. Il s’est dit : « Les pensées sexuelles sont celles qui retiennent le plus mon attention mais quelle autre chose marcherait pour moi ? Je me déplace pour aller changer des cartouches de toner et c’est ennuyeux. Je sais que l’ennui est inévitable. C’est dur de voir des gens conduire dans de belles voitures. Je fais le tour de bureaux où il y a tous ces gens brillants qui travaillent. Suis-je envieux ? On dirait qu’ils ont de grandes choses à faire et qu’ils doivent être dans des endroits prestigieux. Est-ce que je me sens moins important qu’eux ? Parfois, je regrette de ne pas avoir poursuivi mes études ni obtenu de diplôme. J’ai l’impression que je ne suis pas à la hauteur de mes capacités. » Ben avait une montée de chaleur et un nœud dans la gorge. « J’ai peur que les autres me regardent de haut. Je suppose que c’est pour cela que j’apprécie quand une femme me trouve attirant. J’ai l’impression que je suis toujours dans le coup, que je vaux un détour du regard, que je suis admiré et important comme si j’avais quelque chose à offrir. »
Ben a su immédiatement qu’il serait bien plus difficile d’être honnête envers Kristy à propos de ces sentiments. Quand les enfants étaient couchés ce soir-là, il lui a parlé de ce qu’il avait ressenti dans l’après-midi. Tandis qu’il le faisait, les sentiments ont refait surface. Assis au bord du lit, il regardait vers le sol pendant qu’il évoquait son manque de confiance. « Il y a en partie le fait que tu étais avec ton ancien petit ami depuis trois ans et demi quand nous nous sommes mis ensemble. Son affaire est florissante aujourd’hui. » Ben pouvait à peine parler. « Est-que tu as jamais regretté de t’être mariée avec moi vu tous les problèmes financiers que nous avons eus ? »
Kristy a regardé Ben droit dans les yeux. Elle a dit : « Les difficultés financières ont été la partie la plus facile. » Ils ont éclaté de rire. Ça leur faisait du bien à tous les deux de rire ensemble sur les difficultés du passé. « Aucune de nos difficultés ne m’a jamais fait regretter de t’avoir choisi. Je te regarde jouer au ballon dans le jardin avec Trevor. Je te vois faire de la lutte avec Isaac. Et la petite Crystal qui ne peut s’empêcher de sauter dans la mêlée. Jamais je ne te remplacerais et risquerais d’avoir un autre père pour mes enfants. » Kristy a réfléchi quelques instants. « Même les choses difficiles que nous avons faites ensemble. Comme nous n’avons pas les moyens de prendre un entrepreneur, nous passons nos samedi après-midi à réparer les dégâts des eaux au sous-sol en écoutant des stations de radio rétro et des CD que personne n’aime, autre que nous. Le plus drôle, c’est que ce temps que nous passons ensemble m’est cher. Juste nous deux en train de travailler. Je ne voudrais pas qu’il en soit autrement. Je chéris tous les souvenirs de ces moments avec toi. » Pour Ben, c’était comme si elle regardait directement dans son âme à ce moment-là. « Je t’aime, Ben. J’apprécie que tu sois disposé à travailler si dur à faire des choses que tu n’aimes pas vraiment afin de subvenir aux besoins de ta famille. Je ne veux aucun autre homme. Je te veux toi, et c’est pour cela que je souffre quand j’ai peur que tu ne me désires pas. Quand je m’inquiète de ton attirance pour d’autres femmes ou que j’ai l’impression que tu caches quelque chose, je perds confiance en moi et je veux tellement savoir que je peux te faire confiance et me sentir en sécurité dans notre amour. »
Ben a dit : « Regarde ce que je t’ai fait. » Dans ses yeux, Kristy a vu qu’il l’avait véritablement entendue, qu’il se rendait sincèrement compte à quel point elle avait été blessée. Il a poursuivi : « Je ne veux pas minimiser mes problèmes sexuels parce que je sais qu’ils ont nourri ton sentiment d’insécurité. Mais je veux vraiment que tu saches que ces difficultés sont les miennes, qu’elles n’ont rien à voir avec le fait que tu es attirante ou désirable. Tout ce que j’ai fait jusqu’à présent pour me guérir, et tout ce que je ferai à l’avenir, je le fais parce que je veux être, je veux devenir, le genre d’homme sur lequel tu peux compter, en qui tu peux avoir totalement confiance. C’est la personne que je veux être. Je sais que ce ne sont que des paroles mais je vais continuer à faire tout ce que je dois jusqu’à la fin de mes jours pour te montrer que je pense ce que je dis. »
Ben et Kristy ont continué d’avoir ce genre de discussions à cœur ouvert. Cela a non seulement permis à leur relation de guérir mais a aussi aidé Ben à surmonter ces anciennes habitudes. Il faut du temps à la plupart des couples pour apprendre à exprimer leurs sentiments les plus profonds et demander à satisfaire les besoins de l’autre comme l’ont fait Kristy et Ben. Le passé et les sentiments d’insécurité de chacun créent un grand champ de mine dans lequel des réactions contre productives peuvent être nuisibles tout au long du chemin. Cependant, quand les couples continuent d’essayer, la compréhension qu’ils acquièrent peut tout changer. Chacun est plus disposé à voir les besoins les plus profonds, ceux qui étaient un temps cachés, et chacun devient davantage capable d’aider à les satisfaire. Au fur et à mesure que la communication s’approfondit, le sentiment de détresse et les tensions diminuent. Une femme trouve qu’il est plus facile de se sentir proche de son mari et de le comprendre quand il évoque les aspects plus paisibles et authentiques de ce qui se passe au fond de lui. C’est le même homme que celui dont les problèmes sexuels l’avaient rebuté à peine quelques semaines auparavant au point de se demander « Mais quel genre d’homme ai-je épousé ? »
Récemment, un nouveau patient a fait part de sa détermination à vaincre son habitude de regarder de la pornographie sans impliquer d’autres personnes. Il hésitait à demander un soutien à qui que ce soit parce qu’il avait peur d’être rejeté si jamais il se confiait. Il craignait de voir des personnes qu’il connaissait dans un groupe de soutien. Sa femme pourrait ne pas être capable de faire face si elle avait connaissance de son problème. « Je m’en sortirai seul, avec l’aide de Dieu. Avec Dieu, rien n’est impossible, n’est-ce pas ? » Nous avons parlé de Ben et Kristy et de la guérison qui est possible quand les couples se rapprochent au lieu de rester isolé chacun de son côté. Il est vrai qu’avec Dieu, rien n’est impossible mais il est aussi important de se souvenir comment Dieu fonctionne. Le président Kimball a dit : « Dieu nous remarque et il veille sur nous. Mais c’est habituellement par l’intermédiaire d’une autre personne qu’il répond à nos besoins » (« De petits actes de service », L’Étoile, décembre 1976, p. 1).
La pornographie peut déclencher une crise profonde dans un mariage, une crise qui peut déchirer les couples. Ou alors, si les deux conjoints sont disposés, les problèmes peuvent être utilisés comme une occasion de se rapprocher, de devenir plus forts et plus unis.